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Playtime est un film franco-italien réalisé par Jacques Tati, tourné entre 1964 et 1967 et sorti en 1967. À l'aéroport : un groupe de touristes américaines arrive à Orly et découvre un Paris futuriste fait d'immeubles de verre et d'acier, froids et impersonnels. Si l'on s'en tient au scénario, Playtime est un film qui, à l'origine, devait faire plus de trois heures. Tati avait déjà coupé au moment du tournage en arrachant quarante pages du scénario. Il en a d'abord projeté en décembre 1967 une version de deux heures et trente-quatre minutes, qu'il a immédiatement ramenée à deux heures et quinze minutes. En 1978, quand le film ressort, les exploitants ne veulent pas d’un film de plus de deux heures parce que ça leur fait perdre une séance dans la journée. La fin du film est relativement improvisée par rapport à ce qu'elle aurait dû être. Il était même prévu que, au dernier plan, le personnage sorte de l'écran et soit projeté en ombre chinoise sur les murs de la salle, afin de montrer que le film s'inscrivait dans la vie réelle. Tout était prévu, une société travaillait sur les trucages, mais Tati a fini par renoncer, car il n'en avait plus les moyens. Playtime est l'un des rares films français à avoir été tourné en 70 mm. Tati s'en explique ainsi : « Si je tourne en super 8, je vais filmer une fenêtre, en 16 mm je vais en avoir quatre, en 35 mm je vais en avoir douze et en 70 mm, je vais avoir la façade d'Orly. » Ce format lui permet de montrer la démesure de l'architecture par rapport à l'homme, ainsi que de faire participer le spectateur, le 70 mm permettant d'« ouvrir une fenêtre, une baie sur ce qui nous entoure, que les gens [...] se parlent carrément, se montrent les endroits, les objets : - Tiens regarde là, regarde... - Quoi ? - T'as vu, regarde là, y a un avion qui fond ». Du fait de l'échec commercial (refus du marché américain de le distribuer en dépit de son Oscar pour Mon oncle) et du coût énorme du film (le budget, au départ de deux millions de francs de l’époque, a enflé jusqu’à plus de quinze, soit un passage de trois à vingt millions d'euros de 2014), la société de production de Tati fit faillite et ce dernier, qui avait été jusqu'à hypothéquer sa maison3, fut un temps dépossédé de ses droits : il mettra près de dix ans à essayer de recouvrer son indépendance financière, y laissant un peu de sa santé. Il put néanmoins dans la foulée réaliser deux autres films, dont Trafic avec l'immortel M. Hulot. Tati voulut transformer ses décors en une école de cinéma, certains producteurs l'ayant sollicité pour y tourner d'autres films. Les autorités responsables des terrains et des studios ne lui laisseront pas l'occasion d'y rester. Tati sera chassé, et par dépit, il jettera le manuscrit de son scénario sous les décors au cours des opérations de démolition, lancées malgré la promesse d'André Malraux qu'ils pourraient être recyclés à d'autres usages. |
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