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Un petit village français prépare sa fête annuelle. Les enfants regardent de tous leurs yeux les forains, Marcel et Roger, monter leurs manèges sur la place. Quant au facteur, François, après avoir assisté à la projection d'un film sur son métier tel qu'on le pratique en Amérique, il entreprend, sur sa vieille bicyclette, une tournée intempestive. Quand la fête est finie, le village retrouve son calme ... Dans le court métrage L'École des facteurs (1947, 13 minutes), Tati avait créé le personnage de François le facteur, repris dans Jour de fête. Jour de fête aurait dû être un des premiers films français en couleur de l'après-guerre, avec Le Mariage de Ramuntcho (1947) de Max de Vaucorbeil, tourné avec des stocks d'Agfacolor récupérés après la Libération, et La Belle Meunière de Marcel Pagnol (procédé additif Rouxcolor). La société Thomson-Houston avait proposé à Tati d'utiliser un nouveau procédé, baptisé Thomsoncolor, pour lequel elle fournissait pellicule et assistance technique. À l'époque, le procédé Technicolor n'était pas encore utilisé en France, le seul laboratoire européen se trouvait en Grande-Bretagne, et le coût élevé du procédé était très au-delà des possibilités financières des productions françaises dans la pénurie de l'après-guerre. Tati et son producteur Fred Orain acceptèrent donc l'offre de Thomson, mais sur les conseils du chef opérateur Jacques Mercanton, les prises de vue en couleur furent « doublées » avec des prises simultanées en noir et blanc, ce qui sauva le film, puisque Thomson s'avéra incapable de tirer des copies couleur d'après le matériel original. Ce procédé additif utilisait une pellicule gaufrée, l'optique de la caméra était équipée d'un filtre rouge-vert-bleu qui assurait une sélection trichrome sous forme d'un réseau ligné derrière le gaufrage. Certains plans ont été tournés à Charleval (Bouches-du-Rhône). Tati était de passage avec son équipe, certains anciens là-bas s'en souviennent encore, il y a tourné la scène du plongeon dans le canal (de Marseille en fait), les débats avec le mulet autour de la carriole, la livraison des pâtisseries. Le film sortit à Paris en 1949 et rencontra le succès. Mais Tati regretta toujours de ne pas pouvoir présenter son œuvre en couleurs. Il avait pris soin lors du tournage de faire peindre les portes des maisons en gris et d'habiller les villageois de couleurs sombres. Il comptait ainsi mettre en évidence l'arrivée des forains, qui apportaient gaité et couleur dans le village. C'est probablement cet échec technique qui le poussa à imaginer une autre solution. En 1961, à la demande de Bruno Coquatrix, il présente Jour de fête à l'Olympia, un spectacle combinant des scènes de music-hall et la projection d'extraits de son film. À cette occasion, certaines scènes sont partiellement coloriées par un procédé dit au pochoir. Cette expérience l'encourage à ressortir une nouvelle version du film, comportant des inserts de couleurs, sortie au cinéma l'Arlequin en 1964. Des scènes sont retournées comportant un nouveau personnage : un peintre qui fait office de narrateur, et justifie l'arrivée de la couleur dans le film. La bande sonore est entièrement réenregistrée sur pellicule magnétique. L'histoire ne s'arrête pas là. En 1988, Sophie Tatischeff, monteuse et fille de Jacques Tati, et François Ede, chef opérateur, entament un minutieux travail de restauration et de montage à partir du matériel original qui avait été conservé. Le système optique qui permet d'obtenir la restitution des couleurs est reconstitué, et permet, plus de quarante ans après le tournage, de retrouver les couleurs d'origine. La restauration de cette version inédite est présentée le 11 janvier 1995, en ouverture de la célébration du centenaire du cinéma. Sainte-Sévère-sur-Indre, 19 juin 1949 : « Ce soir, sur la grand-place, on ne projette pas un film sur la poste américaine, mais Jour de fête. Le petit village où Jacques Tati s'est réfugié pendant la guerre et où il a tourné durant tout l'été 1947, retrouve son bientôt immortel facteur. Le procédé Thomsoncolor, expérimenté par Tati sur le tournage, posant trop de difficultés techniques, les villageois se verront et pour longtemps encore, jusqu'en 1995, en noir et blanc. Ce qui n'empêche pas le film d'aller à Venise puis à Cannes et d'y rafler des prix. » |
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